Tribune
Publié le 19 janvier 2016
Géraud Guibert

Géraud Guibert

Président de la Fabrique écologique

2016, le citoyen au cœur de la transition écologique

L’année 2015 a été d’une grande importance pour la transition écologique et énergétique. La COP21 à Paris, conclue par un accord approuvé par tous les pays, constitue incontestablement un point de départ essentiel. Le contenu du texte est sur certains points décevant mais sa portée, issue principalement de son caractère universel, servira d’important point d’appui à l’action de la société civile climatique mondiale. La mobilisation citoyenne a été forte et dynamique : les responsables politiques ou d’entreprises, les militants associatifs, coopératifs et syndicaux, les experts ou de simples citoyens, se sont rencontrés, ont pendant cette période échangé et partagé intensément. Ils ont joué un rôle majeur dans son aboutissement.

Cette réalité n’est pas surprenante. Les initiatives prises sur les territoires pour agir sont nombreuses, par exemple sur les énergies renouvelables, les nouveaux modes de déplacement, les atteintes à la diversité biologique (la mobilisation par exemple autour des abeilles) ou encore la lutte contre le gaspillage et les nuisances. La plupart de nos concitoyens ont dorénavant bien compris que la nature n’était pas un élément totalement extérieur mais qu’ils en faisaient partie et qu’ils avaient une responsabilité et un intérêt à la protéger.

La transition écologique concerne tout le monde, on le sait bien, et les solutions venues seulement d’en haut ne peuvent qu’être mal adaptées ou insuffisantes. L’évolution des comportements est fondamentale. Nous devons prendre en compte chaque jour la protection des ressources et de la nature. Cela se construit par des projets dans lesquels nous investissons, nos choix alimentaires ou énergétiques, les politiques publiques adoptées qui ont des conséquences sur notre mode de vie.

Contrairement à ce qu’on pense parfois et au mode de raisonnement de certains écologues du XXème siècle, l’écologie ne se résume pas à la mise en œuvre de la « meilleure » solution, scientifiquement démontrée. Les changements, les évolutions doivent se co-construire avec les citoyens, notamment en partant de leur vie quotidienne. Pas d’économie circulaire sans une politique de tri efficace et donc acceptée, pas d’isolation des logements sans décision de milliers de ménages, peu d’énergies renouvelables si les citoyens ne s’impliquent pas dans les projets. Le laboratoire de l’économie sociale et solidaire a très bien démontré dans sa publication « Pour une transition énergétique citoyenne », le rôle des citoyens en matière de consommation et de production d’énergie. Ce même raisonnement est valable par exemple dans la lutte contre les nuisances qui portent atteintes à la santé. L’intervention citoyenne y est primordiale, que ce soit comme lanceur d’alerte, mobilisation contre un projet, initiatives pour réduire les risques ou contribution par un financement participatif.

C’est aussi une des raisons qui, à La Fabrique Ecologique, nous conduit à ne pas nous limiter à des travaux d’experts, mais à les articuler sur une intervention citoyenne. Toutes les propositions contenues dans les notes préparées par nos groupes d’experts font l’objet d’un débat collaboratif sur internet et dans des ateliers co-écologiques ouverts à toutes et à tous. Les citoyens peuvent proposer des ajouts, des amendements ou des critiques, qui sont ensuite pris en compte par le groupe de travail.

Réussir la transition écologique suppose que l’écologie s’invite positivement dans la vie quotidienne, avec ambition mais aussi lucidité, et surtout au plus près des citoyens. L’accent mis sur les négociations internationales et les lois, les mesures prises en matière de règlementation et de fiscalité ne doivent pas faire oublier une réalité simple : pour progresser, la transition écologique doit susciter l’adhésion et la participation active des citoyens, qui ne se limitent pas à s’opposer mais à proposer et agir. C’est d’autant plus important que cela pourrait permettre, au milieu des difficultés que connaît notre pays, que chacun voit l’avenir de manière plus positive et retrouve davantage l’espoir.

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