Le saviez-vous
Publié le 19 novembre 2015
Nouvelle économie
Mots clés
ESS
solidarité
économie collaborative
circuits courts
PTCE

L’ESS peut s’emparer de la nouvelle économie

L’ESS est compatible avec les mouvements de la nouvelle économie tels que le numérique, l’économie du partage ou collaborative et l’économie circulaire. Pionnière dans ces domaines, elle les met au service de la solidarité.

L’économie est en pleine révolution à la fois collaborative, numérique et circulaire. La puissance de l’internet des objets (un thermostat intelligent dans une maison, un pacemaker connecté, …) optimise, à moindre coût, toute activité économique. La troisième révolution industrielle bouleverse ainsi de nombreux secteurs. Une étude américaine estime que la révolution numérique menacerait 47 % des emplois tels qu’ils existent actuellement et pointe la bipolarisation du marché du travail, avec des emplois intermédiaires menacés1

Nouvelle économie

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L’économie sociale et solidaire est pleinement concernée par ce nouveau paradigme. Le numérique bouleverse les secteurs d’activités couverts par l’ESS. Que ce soit dans les secteurs de la santé (télémédecine, domotique, objets connectés), les activités de vacances (e-réputation et concurrence du web), ou de l’industrie, les organisations de l’ESS sont touchées par ces mutations qui impactent leur modèle de croissance, leur offre de services et les méthodes de conception, de collaboration et d’organisation du travail. Ce constat a conduit l’UDES à faire 50 propositions lors de la dernière conférence sociale, pour accompagner les gisements d’activités et d’emplois de la nouvelle économie.

Alors quel avenir pour l’ESS dans ce contexte ? Peut-elle s’emparer de ces mouvements comme des « outils » au service de leur vocation solidaire ?

Le numérique et le collaboratif au service de la solidarité

Des initiatives prouvent déjà aujourd’hui que l’ESS a toute sa place dans ces mouvances. Si elles peuvent impacter l’activité de certaines structures (organisation du travail, emplois, services, …) elles sont également parfois au cœur même des modèles économiques des entreprises sociales. Wheeliz a par exemple compris l’intérêt du collaboratif et l’utilise afin de partager des véhicules de particuliers adaptés aux personnes handicapées. CALM, la plateforme collaborative de l’association SINGA, utilise le levier du couchsurfing pour permettre aux réfugiés de trouver un logement temporaire. D’autres structures d’accueil et d’hébergement classiques peuvent dès maintenant inclure ces principes dans leur modèle.

Des dizaines d’autres initiatives mettent aujourd’hui le collaboratif et le numérique au service de la solidarité.

La Social good week, version sociale et solidaire de la Frenchtech qui s’est tenue au mois de Novembre, témoigne de cette tendance. Le concours CleanTech 2015 organisé à l’occasion de la COP21 met en valeur des « pépites », start-ups de la FrenchTech, qui œuvrent pour lutter contre le réchauffement climatique. Enfin grâce au numérique, notamment au crowdfunding, des acteurs de l’ESS peuvent aujourd’hui produire eux-mêmes leur propre énergie. Signe que l’impact social et environnemental peuvent être intégrés dans le modèle économique des start-ups et plus grandes entreprises à l’avenir.

Les problématiques liées à l’accès au numérique sont également au cœur des préoccupations portées par les acteurs de la solidarité. Emmaüs, dont l’activité est régie par la lutte contre toutes les formes de précarité, a lancé son initiative Connexions solidaire et s’adresse aux 17% de français qui se considèrent « déconnectés ». Alors que 80% des offres d’emplois ou 72% des offres de logement sont faites sur le web, former ou donner accès à internet est donc un facteur d’insertion majeur aujourd’hui.

Reconnect, initiative du Groupe SOS, met à disposition des personnes sans-abris (plus de 100 000 en France) un coffre-fort numérique. Il leur garantit un accès permanent à leurs documents essentiels pour leurs démarches d’insertion (droits sociaux, recherche de travail, etc.). Sans le numérique, cette initiative solidaire n’aurait pas pu voir le jour.

Cadrer et outiller les acteurs de la solidarité

L’économie du partage et l’économie circulaire sont aussi à la base d’initiative d’ESS pionnières en la matière. L’ESS a ainsi inventé l’autopartage ou l’économie circulaire pour répondre à des problèmes sociaux ou environnementaux.

La vision du numérique et du collaboratif défendue par les acteurs de l’ESS va par ailleurs dans le sens de l’ouverture et de la préservation du bien commun. En témoignent les logiques d’open source et de transparence dans l’échange des données. Le temps des communs, festival pluri-acteurs, démontre parfaitement l’intérêt de la mise en commun de biens essentiels pour l’intérêt général. Le Big data peut aujourd’hui également être utilisé pour sauver des vies, en témoigne l’initiative de Paul Duan, qui souhaite utiliser les algorithmes et données pour optimiser, à titre d’exemple, le trajet des ambulances en Inde.

Cependant, collaboratif ne rime pas systématiquement avec social et solidaire. Ikea enrichit son offre marketing et son modèle économique d’une plateforme collaborative de revente de meubles. Au même titre qu’Uber, AirBnB ou BlaBlaCar l’entreprise poursuit un but classique de rentabilité maximale. Il est envisageable de concevoir un Uber coopératif où chaque sociétaire serait davantage protégé et où l’argent serait réinvesti dans le projet plutôt que défiscalisé. Dans le cas présent, les outils conceptualisés par le Labo de l’ESS (charte des Circuits Courts d’ESS (CCES), Pôles de coopération économiques (PTCE)) peuvent remettre les logiques d’équité, de transparence, de lien social et de coopération au centre de l’échange. Participez vous aussi !

« Collaboratif » est un mot qui partage des racines communes avec « solidarité » mais qui n’en a parfois que les traits. Michel Bauwens lui préfère la logique du Peer-to-Peer (partage de pair à pair).

Au-delà des terminologies, il est aujourd’hui clair que si le numérique et le collaboratif changent le monde, la question qu’il serait bon de se poser est : « dans quel sens ». Les acteurs de l’ESS y apportent une réponse

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