Tribune
Publié le 6 avril 2020
Hugues Sibille

Hugues Sibille

Président du Labo de l'ESS

La culture dans l’après

À l’heure où le secteur culturel subit de plein fouet les conséquences de la crise du Covid-19, le Labo de l’ESS sort une publication inédite intitulée « Voies d’action pour développer l’économie culturelle sociale et solidaire ».

Quelle place voudrons-nous pour la culture dans l’après coronavirus, ce traumatisme qui conduit à dire que rien ne sera plus, rien ne devra plus être comme avant ? Entre 2017 date à laquelle le Labo de l’ESS a lancé le chantier « Culture & Économie Sociale et Solidaire » et aujourd’hui, nous avons côtoyé des effondrements. Nul ne peut prédire de ce qu’il adviendra. Du moins, sentons-nous que nous devons re-questionner profondément nos modèles, nos modes de vie, nos valeurs, et redéfinir ce qui compte vraiment.

À commencer par la vie face aux morts épidémiques ou climatologiques. La Vie avec un V. Or, la vie culturelle fait partie de l’essence de la Vie en société ! Bien davantage et bien mieux que la consommation de produits inutiles qui usent la planète. Sur l’ile du confinement nous ressentons la culture partagée comme besoin essentiel. Nous devrons nous en souvenir.

Nous avons également perçu que les excès de lucrativité et de marchandisation conduisent à des aberrations. La santé ou la culture ne peuvent plus, ne doivent plus être des biens comme les autres. La réflexion d’actualité rejoint et conforte les constats et propositions antérieurs faits par le Collège « Culture & ESS », initié par le Labo de l’ESS.

Entre l’État et le marché existe une troisième voie culturelle. Sortons d’un paysage français fracturé entre un secteur public menacé d’asphyxie, s’adressant majoritairement à un public privilégié, et un secteur culturel lucratif dont la boussole reste les excédents versés aux actionnaires.

Il existe un important tissu d’entreprises culturelles sociales et solidaires, majoritairement associatif et coopératif, innovant et créatif, capable de concilier utilité sociale et efficacité économique. Mais ce tissu était déjà fragilisé avant l’épidémie. Dans quel état d’épuisement sortira-t-il de la « guerre sanitaire » ?

Il va falloir agir. A court terme pour éviter l’effondrement pur et simple de ce secteur culturel citoyen. Il y aura besoin de solidarité nationale. Le spectacle vivant, privé de spectateurs, vit une épreuve sans précèdent. Mais il faudra également agir avec une vision de moyen terme, pour laquelle les propositions ci-après pourront être utiles.

Elles visent à apporter des solutions juridiques et financières pour les lieux culturels intermédiaires, à proposer des solutions pour mieux accompagner les acteurs culturels et à faciliter des systèmes de transfert de savoir-faire, à faciliter les emplois mutualisés, à modifier les modèles économiques et les outils de financement des entreprises culturelles pour les rendre plus pérennes.

Jamais l’économie sociale et solidaire ne sera autant d’actualité que « le jour d’après » le coronavirus. Y compris dans le monde culturel. Au fond, il s’agit de redéfinir un contrat entre l’homme, la nature et la culture. Il s’agit de ré-encastrer l’économie pour la mettre au service de la nature et de la culture et non l’inverse. C’est la mission de l’économie sociale et solidaire.

Revenir à la page "Le Mag"
    Pour aller plus loin
    Chartreuse de Neuville
    Field flap
    Fontaine ô livres
    Field flap
    coopération culturelle
    Field flap
    Publié le 9 novembre 2017

    La coopération territoriale des structures culturelles

    Les acteurs de la culture ont une place très importante dans l’économie sociale et solidaire. Les structures du secteur...
    Lire plus

    Vous souhaitez soutenir le Labo de l'ESS ?

    Accompagnez la construction de l’économie sociale et solidaire de demain en adhérant à notre think tank et à nos valeurs !

    Adhérez