L’action publique locale est face à l’obligation légale de mettre en œuvre la transition écologique avec des Plans Climats alignés sur la Stratégie Nationale Bas Carbone. Elle doit pour cela contourner des freins structurels : quitter un fonctionnement en silo, s’extraire d’une action publico-centrée et articuler différents périmètres. En croisant des témoignages de terrain, il s’avère qu’une piste sérieuse pour contourner ces difficultés consiste à prendre soin des interdépendances.
Chaussons nos lunettes d’écologue. Intéressons nous aux interactions entre les acteurs qui le composent, ainsi qu’avec leur milieu. En portant ce regard sur l’action publique locale et son territoire, il apparait que nos vulnérabilités face au changement climatique et à la perte de la biodiversité sont sous-estimées et déconnectés les unes des autres. Elles pourraient cependant être incarnées si on leur trouvait des porte-paroles. Petits gestes et grands plans stratégiques semblent opposés, mais peuvent être réconciliés quand l’action publique locale se met à l’écoute et en appui des initiatives du territoire. En parallèle, les services en interne aussi trouvent à assumer leurs interdépendances en décloisonnant les méthodes de travail.
Les vulnérabilités ont besoin de porte-paroles
Les modifications de l’environnement (climat et biodiversité) sont difficiles à prendre en compte tant qu’elles ne se traduisent pas significativement dans le cadre de vie des habitants. Il est donc essentiel de les rendre visible pour une mise en mouvement de la politique locale. Sans témoignages tangibles, une action environnementale pourrait avoir l’air d’être menée au détriment de l’amélioration des conditions de vie des habitants.
Or les vulnérabilités du territoire ont peu de porte parole. Pourtant, les témoins directs existent. Certaines professions pourraient être ciblées. Les agriculteurs pourraient être des porte parole privilégiés. Sentinelles des écosystèmes s’ils ont cette sensibilité, ils peuvent témoigner des sécheresses, de la baisse de pollinisation, de l’érosion des sols et de la perte de rendement.
Interrogé à ce sujet, Domitien Diétrie de la Communauté d’Agglomération du Muretain témoigne « Nous avons encore du mal à connecter les vulnérabilités des agriculteurs à celles des consommateurs. Surement pour cause de faible consommation ou distribution locale. » En effet, les chaines de valeur dépassent largement les limites du territoire et les agriculteurs en distribution classique ne sont pas investis comme témoins. Nous avons un enjeu collectif à identifier et entendre ces témoignages.
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