Tribune
Publié le 27 janvier 2014
Jean-Louis Laville

Jean-Louis Laville

Sociologue et économiste, Professeur au CNAM, Chercheur au Lise et au GIS - Ifris.

Création d’une Task Force inter-agence de l’ONU

La constitution d’une Task Force inter-agence de l’Organisation des Nations Unies est l’un des évènements marquants de l’année du point de vue de la reconnaissance internationale concernant l’économie sociale et solidaire (ESS).

Cette création a été initiée par l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (UNRISD) dont les responsables avaient participés à la rencontre Rio+20, lors de laquelle ils avaient été frappés par l’importance des références faites à l’ESS dans les rencontres du Forum social et du Sommet des peuples comme dans différentes réunions de recherche. A l’inverse, cette thématique n’apparaissait pas vraiment dans les différentes organisations relevant de l’ONU si ce n’est sous des rubriques limitatives, comme celles des coopératives ou du développement économique local.

Pour tester la fiabilité et la crédibilité de cette appellation sur le plan international l’UNRISD a alors lancé un appel à contributions dans la perspective d’une conférence. Environ 500 chercheurs émanant de 70 pays ont répondu à l’appel et la conférence s’est tenue à Genève du 6 au 8 mai 2013. La définition retenue de l’ESS se réfère à la production de biens et de services par des organisations et entreprises avec :

  • des objectifs sociaux et (souvent) environnementaux explicites ;
  • des relations coopératives et associatives entre les membres et la collectivité ;
  • une autogestion démocratique ;
  • des valeurs de solidarité et de bien-vivre.

Les critères montrent bien comment la combinaison entre la tradition de l’économie sociale et l’innovation de l’économie solidaire permet d’avancer vers une nouvelle approche, dont l’interprétation de la notion de bien-vivre est emblématique puisqu’elle se réfère au concept introduit dans les constitutions de Bolivie et d’Equateur, la finalité de ce « buen vivir » ne pouvant être atteinte selon les mêmes textes qu’à partir de la reconnaissance d’une économie plurielle.

En poursuivant la dynamique et selon les recommandations suggérées lors de cet évènement, une Task Force a été initiée le 30 septembre, outre l’UNRISD, par les membres suivants :

  • Organisation internationale du Travail (OIT)
  • Service de liaison des Nations Unies avec les organisations non gouvernementales (SLNG), Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)
  • Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DAES)
  • Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
  • Organisation mondiale de la Santé (OMS)
  • Programme commun ONUSIDA (ONUSIDA)
  • Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO)
  • Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE)
  • Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (UNIDO)
  • ONU Femmes
  • Programme alimentaire mondial (PAM)
  • Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) Programme spécial de recherche et de formation concernant les maladies tropicales (TDR) .

Les réseaux internationaux d’organisations d’économie sociale et solidaire, Rencontres du Mont-Blanc et RIPESS participent au travail de la Task Force en tant qu’observateurs.

Dans le contexte d’une réflexion en cours sur l’agenda de développement après 2015 et l’identification de dynamiques économiques couplées avec le souci de la protection sociale et environnementale comme de « l’empowerment » socio-politique, la Task Force se donne pour tâches en matière d’ESS, l’amélioration de la reconnaissance, la promotion des savoirs, la consolidation des réseaux, le soutien à un environnement institutionnel favorable, la coordination des efforts internationaux et le renforcement des partenariats.

Toutes les organisations présentes soutiennent déjà des initiatives très diverses. L’idée proposée par l’inter agence est qu’elles se fédèrent sous la bannière de l’ESS considérée comme pouvant toutes les représenter.

Entre traits communs, dimension universelle et spécificités locales, l’ESS doit pouvoir faire la preuve de sa pertinence et de son adaptabilité face aux défis locaux et transnationaux, quel que soit le pays où elle s’établit.

Souhaitons que dans l’année 2014 ces préoccupations partagées puissent effectivement avancer et essaimer.

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