Initiative inspirante
Publié le 5 décembre 2012

Emmaüs Défi ou le challenge de l’insertion par le travail

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Emmaüs Defi est une entreprise du mouvement Emmaüs qui emploie des personnes précaires, très éloignées de l’emploi, parfois à la rue. La structure leur propose un accompagnement sur mesure. Reportage à Paris dans "l’appartement du 104" et dans le "Bric à Brac".

Emmaüs Defi est l’une des nombreuses associations qui composent le mouvement Emmaüs. C’est aussi l’une des plus jeunes. Elle a été créée en 2007 à la suite du mouvement du Canal Saint-Martin et des Enfants de Don Quichotte. Un constat simple s’imposait alors : pas de boulot, pas de logement… et inversement. Un chantier d’insertion a donc été créé spécifiquement, employant des personnes en situation de grande précarité qu’il accompagne dans leur recherche d’emploi et de formation.

L’activité des salariés consiste à valoriser des matériels et des matériaux usagés, de trier les dons et de les revendre. Le projet est clair : "Ce qui fait notre utilité sociale, c’est que, grâce à cette activité, nous donnons un emploi à ceux qui n’auraient absolument aucune chance d’en trouver dans une entreprise classique. Et le travail est une première étape cruciale pour se reconstruire."

L’appartement du 104

L’un des lieux emblématiques d’Emmaüs Défi, c’est "l’appartement du 104", implanté au cœur du Centquatre, lieu culturel du 19ème arrondissement de Paris. Le lieu a ouvert ses portes en février 2010 et rencontre un joli succès. Car l’appartement, c’est la boutique "de luxe" d’Emmaüs, une belle friperie où la décoration et l’ambiance sont essentiels pour mettre en valeur les "produits". Les dons sont triés et sélectionnés pour être vendus à la boutique. On y trouve des vêtements de seconde main dégriffés, des accessoires, des ustensiles de cuisine, quelques meubles remis à neuf...

La version "classe" d’Emmaüs brasse toutes les catégories : des familles nombreuses dans le besoin, des étudiants à la recherche d’un meuble pour l’emménagement dans un studio, les habitués des friperies à la recherche de fringues vintages ou du Centquatre, ou encore des personnes qui souhaitent acheter solidaire… Habiba, responsable adjointe de la boutique, le confirme : "A chaque jour sa clientèle, le mercredi par exemple on peut voir la femme enceinte et ses trois garçons qui vient chercher des vêtements pour son futur bébé. Ou encore celle qui veut de la vaisselle pas cher pour son fils qui emménage dans un studio. Le samedi, c’est autre chose, c’est une population plus diversifiée, et tant mieux pour nous ! C’est une manière de faire connaître l’action d’Emmaüs."

Côté vendeurs, des salariés d’Emmaüs en contrat d’insertion. C’est l’Association Emmaüs Solidarité, qui gère des Centres d’Hébergement d’Urgence et de Stabilisation et d’autres associations similaires qui adressent à Emmaüs Défi les personnes qui souhaitent reprendre une activité professionnelle. Emmaüs Défi leur propose un contrat de travail (6 mois renouvelable 9 mois). Grâce à cet emploi, ils apprennent à être polyvalent : vente, tri, rangement et contact avec les clients. Mais, surtout, ils reprennent goût à la vie, aux responsabilités, au "vivre ensemble". Habiba, responsable adjointe de la boutique le confirme : "on voit leur évolution, ils s’émancipent, ils prennent confiance en eux !"

Le Bric à Brac

Le grand "Bric à brac" est installé juste en face du Centquatre, dans les anciennes halles du marché Riquet. Le chantier d’insertion d’Emmaüs Défi y a pris ses quartiers en septembre 2012, avec une centaine de salariés. L’objectif est de rassembler tous les services dans le même lieu. 3 600m2 sont dédiés au stockage des dons, à la valorisation des matériaux, à la vente des meubles, des vêtements, des livres, de produits d’équipement du logement (Banque solidaire de l’équipement) et de services téléphoniques à prix réduits (Téléphonie Solidaire). Autant de propositions pour permettre à chacun une insertion réussie. Avec ce nouveau lieu, Emmaüs Défi "devient un interlocuteur privilégié́ des habitants du quartier, et entend bien tisser un lien étroit avec les associations locales, les jeunes et les artistes, pour redonner à ce lieu toute sa vie, son animation et sa solidarité́" ».

Asmahan Bauchet

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