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Publié le 20 mars 2019

L’Afev : Le premier réseau d’étudiants solidaires intervenants dans les quartiers populaires

Groupe de personnes applaudissant
Mots clés
ESS
éducation
jeunes

L’Association de la Fondation Étudiante pour la Ville (Afev) est une association loi 1901, créée en 1991. Elle lutte contre les inégalités et la relégation dans les quartiers populaires en France et est convaincue d’une chose : la jeunesse a envie de s’engager. Du fait de sa présence dans 330 quartiers, l’Afev est rapidement devenue le premier réseau d’intervention d’étudiants dans les quartiers populaires.

Zoom sur un des terrains d’action de l’Afev

Parmi les territoires sur lesquels l’Afev est présente, la métropole d’Aix-Marseille représente un champ d’intervention important. Elsa Wadel, chargée du recrutement des engagés du pôle et de l’animation réseau nous en présente les actions.

Le pôle a été créé en 2006 à Aix-en-Provence et Marseille, pour finalement s’étendre sur Vitrolles depuis la rentrée 2018. Son financement dépend à 90% de fonds publics, il est par conséquent très rattaché à la politique de la ville, aux subventions publiques régionales et départementales. Petite structure à ses débuts, l’Afev Aix-Marseille compte désormais 13 salariés et 45 services civiques au sein de son équipe. Les services civiques engagés répondent à quatre missions différentes : l’accompagnement et le suivi des actions menées dans les quartiers populaires ; le volontariat en résidence dans les établissements scolaires ; l’appui et le développement du lien aux familles et enfin la communication, la mobilisation et l’animation du réseau des engagés du pôle. C’est un réseau de jeunes engagés (volontaires et bénévoles) conséquent puisqu’il recense déjà 480 jeunes investis cette année.

La lutte de l’Afev contre les inégalités éducatives

L’Afev Aix-Marseille mène trois programmes d’actions qui, chacun, contribuent de façon spécifique à lutter contre les inégalités, en particulier éducatives, et à créer du lien social dans les quartiers.

Le premier dispositif autour duquel l’Afev nationale s’est construite est l’accompagnement individualisé. Il repose sur un principe assez simple : deux heures par semaine, un étudiant accompagne bénévolement un enfant ou un jeune (5 à 18 ans) rencontrant des difficultés dans son parcours, tout au long de l’année scolaire. Le bénévole intervient auprès du jeune sur son rapport à l’école, pour lui redonner confiance en lui, lui apporter une attention privilégiée, et lui ouvrir le champ des possibles en lui montrant que la culture peut être facilement accessible, également pour lui : « On a accès à la culture si on sait où aller. L’idée c’est aussi de sortir les jeunes de leurs quartiers, les sensibiliser à des lieux ressources, sur lesquels s’appuyer quand il n’y aura plus l’Afev », affirme Elsa Wadel. L’intérêt de cet accompagnement est de sensibiliser les jeunes à la recherche de l’offre culturelle, les inciter à se déplacer et à découvrir, à développer leur curiosité.

Homme portant le tshirt de l'Afev

90% des encadrants sont des étudiants. L’Afev entretient un partenariat avec Aix-Marseille Université (AMU), permettant aux étudiants motivés de bénéficier d’un bonus complémentaire sur leur moyenne à chaque fin de semestre. En contrepartie, l’étudiant s’engage à respecter certaines conditions. Il prendra part aux deux journées de formations proposées par l’Afev au 1er et 2ème semestre de son année universitaire. 

Dans sa démarche d’accompagnement, l’Afev essaie d’impliquer la famille des jeunes au maximum, ce qui nécessite un important travail de communication en amont. Au sein de chaque établissement partenaire, l’Afev bénéficie d’un référent qui peut être le CPE, l’assistant social ou un professeur principal. L’Afev fixe au préalable un certain nombre de critères de ciblage pour les enfants susceptibles de pouvoir bénéficier de ce programme d’accompagnement. Elsa explique que les jeunes encadrés «  ne sont pas forcément de grands décrocheurs, ça peut être des enfants qui ont simplement besoin d’un petit coup de pouce ou qui n’ont pas forcément les ressources nécessaires chez eux pour travailler confortablement ou qui manquent de confiance en eux alors qu’ils ont le potentiel ». Dans l’objectif d’impliquer les parents de l’enfant le plus possible, l’Afev prévoit un certain nombre de sorties collectives entre binômes, mais aussi avec les familles. Notamment lors de sorties au théâtre, dans les calanques ou à la bibliothèque.

Cette année, environ 450 bénévoles étudiants sont engagés dans ce dispositif. Les jeunes accompagnés ont entre 5 et 17 ans et bénéficient du programme pendant deux ans, majoritairement sur les périodes charnières de leur scolarité (le passage en sixième, le passage de la maternelle à la grande section ou CP…).

Le second dispositif est celui des Volontaires en résidence. Les services civiques de l’Afev sont impliqués entre 6h et 15h par semaine au sein d’établissements scolaires (principalement collèges et lycées) en zone prioritaire, afin de favoriser l’émergence de projets avec les enfants ou les jeunes, développer le lien avec les territoires et participer à l’amélioration du climat scolaire. Pour répondre à cet objectif, le volontaire devra travailler en grande partie avec le corps enseignant dans le but de proposer des ateliers co-construits.

Etudiante faisant la lecture à une enfant

Dans cette mission Volontaires en résidence, on trouve deux dispositifs : le label « Parcours Excellence » et le dispositif « Devoirs Faits ». Le premier comprend l’intervention des volontaires en lycée pour proposer des ateliers liés à l’orientation et la sensibilisation à l’enseignement supérieur. Le second a pour but de remobiliser les élèves dans leur scolarité en les soutenant autour de temps de travail en collectif et de divers ateliers liés à la citoyenneté. Les interventions peuvent prendre la forme d’ateliers d’écriture ou de ciné débat. Le but, étant de «  redynamiser le cadre scolaire en proposant des activités extra scolaires au sein même de l’établissement. Ça va permettre aussi à des élèves, entre midi et deux, de bénéficier d’une activité ou il y a libération de la parole, de s’exprimer, de construire leur esprit critique, on va proposer des jeux d’éducation populaire, de respect, d’écoute, etc. ».

Puis enfin, le dispositif Kolocations à projets solidaires (KAPS). Ce format conjugue engagement solidaire et logement étudiant. Le principe est simple : un logement en colocation correspond à un projet solidaire dans le quartier où se trouve l’appartement. L’affectation du logement et l’engagement dans le projet solidaire sont indissociables. Les étudiants ou jeunes travailleurs engagés dans ce programme sont appelés les « Kapseurs ». En échange d’un loyer modéré, les « Kapseurs » ont pour mission de s’impliquer pour et avec les habitants du quartier, à hauteur de cinq heures par semaine, afin de mettre sur pied tout type de projet en lien avec le quartier – projet de potager partagé, organisation de cafés ambulants, réalisation d’une fresque collective, etc. Le projet a nationalement été impulsé en 2010 et existe depuis 4 ans dans la métropole d’Aix-Marseille Provence. On compte actuellement 32 « Kapseurs » en colocation sur les deux villes. La richesse de ce dispositif tient à la diversité du public concerné et à celle des quartiers dans lesquels il est mis en place.

La réussite éducative et la capacité d’agir pour tous

Le système éducatif français est marqué par une grande inégalité sociale face à la réussite. Des compétences transversales intimement liées au capital culturel et social des enfants sont sollicitées à chaque moment clé du parcours éducatif. Les actions de l’Afev permettent de prévenir le décrochage scolaire, de favoriser la réussite de tous et de rendre les enfants, ainsi que leurs familles, acteurs de leur parcours éducatif. Toutes ces actions réalisées par l’Afev en matière d’organisation collective des citoyens vivant dans les quartiers, contribuent à leur mobilisation et leur engagement sur des questions qui les concernent.

Rédaction : Claire-Mélodie Dumont

Crédit photos : Afev

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