« Le notion d’économie collaborative recouvre beaucoup de définitions. Au risque d’apporter de la confusion ?
Hugues Sibille : L’économie collaborative connaît une croissance très rapide, mais ses frontières restent à définir. Cette nouvelle économie regroupe une nébuleuse de structures qui n’ont pas les mêmes finalités, ni les mêmes modèles économiques. Elle regroupe des start-up, entreprises de capital, qui lèvent beaucoup d’argent, mais dans lesquelles la communauté des usagers n’a ni droit ni pouvoir de gouvernance
Gouvernance
La gouvernance est l’ensemble des règles et méthodes organisant la réflexion, la décision et le contrôle de l’application des décisions au sein d’un corps social. La gouvernance évoque souvent le « bon gouvernement » et donc des pratiques participatives et inclusives. La gouvernance renvoie aux sphères économiques, sociales, politiques, etc.
sur l’entreprise. La finalité ultime est la rémunération des apporteurs de capitaux. Certaines entreprises de l’économie collaborative suivent la voie traditionnelle du capitalisme sauvage : quête du profit pour le profit, intimidation envers la concurrence, lobbying, recherche de monopole, paradis fiscal. D’autres, celles de l’ESS
ESS
Le terme d’Économie sociale et solidaire regroupe un ensemble de structures qui reposent sur des valeurs et des principes communs : utilité sociale, coopération, ancrage local adapté aux nécessités de chaque territoire et de ses habitants. Leurs activités ne visent pas l’enrichissement personnel mais le partage et la solidarité pour une économie respectueuse de l’homme et de son environnement.
, réellement collaboratives, font de la communauté des usagers la finalité de l’entreprise en lui conférant un pouvoir et, dans de nombreux cas, un moyen de solidarité et de lien social. Le pouvoir et les bénéfices (après la constitution d’une réserve) sont partagés avec les salariés.
Il n’y a pas lieu d’émettre un jugement moral en termes de bien ou mal, mais de constater la différence et de refuser la confusion qui s’inscrit dans une polysémie des vocables utilisés : « collaboratif », « communauté », « mutualisation », « partage ». Chacun de ces mots n’a pas la même signification selon les projets.
L’économie sociale et solidaire est une économie du partage. Pourquoi n’est-elle pas en pointe dans le développement de l’économie de plateformes ?
Hugues Sibille : Après la crise de 2008 et avec la révolution digitale, une logique du pair à pair, limitant le gaspillage, favorisant l’usage plutôt que la possession, a gagné en intérêt. Cette économie prônant les valeurs de partage, de communauté, est souvent déviée de ses intentions par des logiques de recherche de plus-values rapides. L’ESS, qui se rapproche des valeurs premières, se fait malheureusement devancer sur le plan technologique et financier. Rien n’est irrémédiable. »
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