Tribune
Publié le 7 mars 2022
Véronique Baraize et Hugues Sibille

Véronique Baraize, Hugues Sibille

Présidente de la Semaine de l’ESS à l’école, Président du Labo de l’ESS

Pour une école sociale et solidaire

Parmi les signes tangibles de renouveau de l’ESS et des progrès de sa visibilité, il y a le mois de l’ESS avec ses nombreuses déclinaisons sur les territoires. Il y a désormais également la semaine de l’ESS à l’école. Le Labo de l'ESS, think-tank reconnu de l’économie sociale et solidaire, se sent pleinement partenaire de cette aventure, portée avec succès par l'ESPER, Coop FR et l'OCCE. L’ESPER réunit 43 organisations de l’ESS qui veulent agir ensemble pour l’éducation « à » et « par » l’économie sociale. L’expression est belle ! Et juste.

Mieux connaître ce qu’est l’ESS dès l’enfance, c’est élargir son champ de vision des savoirs, sortir de la pensée unique en économie, découvrir des modèles d’entreprise alternatifs. Mais c’est aussi apprendre des savoir-êtres différents, en particulier ceux de la coopération et du collectif. Nos sociétés sont trop exclusivement tournées vers les valeurs de compétition, de concurrence, d’individualisme. Les crises actuelles, sanitaires et écologiques notamment, montrent que la résilience des territoires, la transition vers des modèles respectueux de l’humain et de l’environnement doivent inclure beaucoup plus de coopération. Or on ne naît pas coopérateur, on le devient. Cela s’apprend.

La Semaine de l’ESS a l’école, soutenue par le ministère de l’éducation nationale et le secrétariat d’Etat à l’ESS, permet d’accompagner les élèves dans leur orientation par la découverte des métiers et employeurs de l’ESS : 750 mille emplois sont à renouveler d’ici 2025 en ESS. Elle permet aussi de manière très concrète d’entreprendre autrement et de s’engager, deux beaux mots de la République. Cela s’apprend.

La semaine de l’ESS à l’école enseigne ainsi à devenir acteur-citoyen de son territoire, valeur qui tient particulièrement à cœur au Labo de l’ESS. Nous sommes convaincus que le temps est venu de relancer la belle idée d’éducation populaire. Alors : vive la semaine de l’ESS à l’école, creuset des valeurs de la République.

 

Hugues Sibille

Président du Labo de l’ESS

 

La Semaine de l’Economie Sociale à l’Ecole est une action éducative nationale qui requiert une attention quant à ses contenus, sa communication, ses partenariats, ses formations pour que naissent des dynamiques régionales et que les élèves soient amenés à découvrir les principes et les structures d’un mode d’organisation humaniste dans lequel l’argent est un moyen et non une fin. Dans lequel aussi, au sein même de l'activité économique, s’internalisent des dimensions sociales et éducatives.

Mais que voudrions-nous que les élèves apprennent, au fond ?

Nous espérons que, de l’école primaire à l’université, les élèves, les étudiants prennent conscience que l’activité humaine peut s’organiser en coopération, que l’économie sociale est dynamique et forme un tissu solide au développement d’entreprises dans les territoires.

Nous souhaitons aussi que la générosité sillonne la solidarité dans les actions qui visent le partage (collectes, concerts, repas,) de manière à ce que les jeunes engagés dans l’interdépendance d’un projet commun se sentent libérés pour donner, oubliant les petites possessions, les petites jalousies ou les petites colères.

Nous sommes soucieux également que les actions en faveur du développement durable n’incitent pas au renoncement. Les choix de consommation font certes partie d’une démarche écologique mais il ne faudrait pas que l’écologie soit sans passion, sans couleur, sans vie. Donnons à nos jeunes l’ambition suffisante pour vivre à la hauteur de leur désir.

Dans ce « faire ensemble » où s’impliquent jeunes et adultes, Ecole et entreprises, nous formulons aussi le vœu que s’applique la proposition de la philosophe Simone Weil : « La vertu de justice consiste, si l’on est supérieur dans le rapport inégal des forces, à se conduire exactement comme s’il y avait égalité ». Ni égoïsme, ni altruisme, mais la pure équivalence des droits attestée ou manifestée par l’interchangeabilité des individus.

Ces intentions peuvent paraître chimériques, tant pis ! Il est encore temps de croire aux savoirs de transformation en lieu et place des compétences de conformation.

 

Véronique Baraize

Présidente de la Semaine de l’ESS à l’école

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