Tribune
Publié le 3 mai 2017
Hugues Sibille

Hugues Sibille

Président du Labo de l'ESS

Un REVE, pour empêcher le cauchemar

Notre pays s’avance dans une zone de menaces sérieuses : de régressions affaiblissant l’État de droit, de tensions débouchant sur des violences civiles, d’effondrements économiques. Le dire, c’est lucidité et non goût des dramatisations. Il y a un an je signais un édito "crise morale ?" avec un point d’interrogation.

Les présidentielles, dans leur préparation et leurs résultats, incarnent politiquement cette crise morale à mèche lente. Notre société exacerbe à l’excès ses divisions, s’énerve comme lorsque un lourd orage tourne au-dessus de la maison. Notre premier devoir est le calme, la clarté, la détermination.

Oui, des responsabilités générationnelles existent. Celle de dirigeants politiques, économiques, sociaux, intellectuels qui ont accepté le chômage de masse, refusé de voir se creuser les fractures territoriales, érigé l’argent en totem. Résultat : 45 % de défiance radicalisée, une France coupée en deux, comparable à l’Angleterre du Brexit ! Mais, non, ce n’est pas une raison pour tout mélanger et jouer la démocratie à la roulette russe.

Balayons devant notre porte. L’économie sociale et solidaire a sa part de responsabilité. Nous n’avons pas réussi à nous rassembler pour gagner la bataille des idées. Nous n’avons pas fait Mouvement pour embarquer la jeunesse avec nous dans des utopies réalistes, la laissant désespérer. Nous n’avons pas réussi à peser dans les grands choix du pays. Nos solutions sont innovantes mais restent à la marge.

Et maintenant ? Le barrage par la peur des aventures extrêmes n’arrête à l’évidence plus le flot. Ce barrage électoral a existé, sans suites, en 2002, aujourd’hui barrer la « Haine » c’est voter pour Emmanuel Macron sans état d’âme et massivement car renvoyer dos à dos les deux candidats, c’est s’enfoncer dans une confusion éthique. Pour autant, barrer la Haine par les urnes sans modification de nos comportements conduirait au maintien des sentiments d’abandon, aux risques de violences et de troubles ou à une défaite démocratique reportée. Demain il faudra surtout répondre aux causes.

Les solutions d’avenir passent par l’engagement dans des communautés d’action et des alliances d’intérêt général. La responsabilité collective et non la plainte individuelle au café du "Politique Bashing".

Notre responsabilité à nous, acteurs de l’Economie sociale et solidaire, est de proposer à un nouveau gouvernement (s’il est d’essence républicaine et démocratique), un Pacte de Législature, dans lequel nous nous engagerons de manière précise sur des solutions concrètes, dans un partenariat opérationnel avec les pouvoirs publics : multiplication des nouvelles formes d’emplois dans les secteurs économiques d’avenir et les activités d’utilité sociale, lutte contre les fractures territoriales par des initiatives et pôles de coopération territoriale, renouveau de l’éducation populaire en direction de la jeunesse...

Que les futurs dirigeants entendent ceci : nous ne sortirons pas de la crise représentative sans citoyenneté active ni démocratisation de l’économie, sans un nouveau regard sur un social conçu non plus comme une charge, mais comme un investissement d’avenir.

Le Labo pour ce qui le concerne, continuera sa méthode du REVE pour éviter le cauchemar : Résister aux peurs, Expérimenter les solutions donnant du pouvoir au citoyen et de la solidarité active, Voir loin dans un projet apportant sens et espoir à la jeunesse et à notre société qui en manque tant, Évaluer nos résultats avant de généraliser nos expériences.

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