Initiative inspirante
Publié le 28 janvier 2019

"Faire de la démocratie une démarche permanente" avec Open Source Politics

ESS et civic tech
Mots clés
ESS, démocratie, numérique, coopération, communs

Petite équipe de neuf basée au Liberty Living Lab à Paris, Open Source Politics est une entreprise de l’économie sociale et solidaire qui cherche à « faire de la démocratie une démarche permanente » grâce à des outils numériques libres et open source qu’ils développent pour des institutions publiques. Budgets participatifs, votations citoyennes, consultations publiques… La participation citoyenne n’a plus de secret pour eux, encore mieux : ils œuvrent à la démocratiser !

De l’association à l’entreprise de l’ESS

C’est en 2015 que commence l’aventure d’Open Source Politics, lorsque quatre garçons aux parcours différents se rassemblent autour d’un outil numérique – DemocracyOS - venu d’Argentine, qui permet de susciter du débat et du vote. Emballés par les possibilités offertes par cet outil, ils décident de « monter une association française pour décliner ce projet » comme l’explique Valentin Chaput, co-fondateur et co-gérant d’Open Source Politics. Assez rapidement, l’association est très sollicitée par des institutions publiques pour mettre en place l’outil mais peine à répondre à une demande si croissante, «  en tant que bénévoles, nous n’étions pas en mesure de faire ça de manière suffisamment sérieuse » raconte Valentin Chaput. C’est pourquoi, en parallèle de l’association, les quatre fondateurs montent, au printemps 2016, une entreprise (SARL) de l’économie sociale et solidaire et se fixent l’objectif d’accompagner des institutions dans l’utilisation de plateformes numériques pour faire de la démocratie et de la gouvernance sous toutes ses formes.

Le choix de l’ESS est une évidence pour défendre une certaine vision du travail : «  On vient d’un parcours militant ; c’est pour ça qu’on a aussi un certain nombre de valeurs qui restent ancrées, à la fois sur la technologie et sur notre positionnement dans cet écosystème, même si aujourd’hui nous sommes une entreprise avec des clients  » précise le fo-fondateur d’Open Source Politics.

Allier numérique et démocratie à travers les logiciels libres

Après trois ans d’existence, Open Source Politics est bien identifiée dans le secteur des civic tech et travaille pour de nombreuses institutions publiques, de la petite commune à la Région en passant même par l’Assemblée Nationale.
Les outils en question sont tous issus des logiciels libres : « on n’est pas les principaux développeurs de ces outils, on les a récupérés, on les a adaptés et on a parfois contribué en développant de nouvelles fonctionnalités qui sont ensuite reversées au commun » nous explique Valentin Chaput, qui prône la culture des communs et la mutualisation.

open source politics

Aujourd’hui, l’outil principalement utilisé par l’entreprise s’appelle Decidim. Initialement développée par la Mairie de Barcelone, cette plateforme, dont le code open source est ré-utilisable par tous, a déjà été adoptée par plusieurs pays européens. C’est un portail où il est possible de lancer en parallèle plusieurs types de concertations (appels à projets, questionnaires, budgets participatifs, forums, agenda de rencontre, pétitions, votations…) et d’organiser divers espaces virtuels. Decidim est en quelque sorte un outil flexible et modulaire qui s’adapte aux besoins de chaque client, facilitant la participation et la démocratie.

De l’importance de combiner du numérique et du présentiel

Cependant, si les outils numériques sont innovants, ils ne suffisent pas à mettre en place une réelle démarche de démocratie citoyenne avec la participation du plus grand nombre. Il faut en effet, accompagner cette opération d’un certain nombre d’actions qui se déroulent loin des écrans. Mais l’entreprise en est bien consciente, comme le précise Valentin Chaput «  les outils ne sont pas magiques, ils sont de plus en plus performants mais ce qui fait la différence – et nous le voyons bien d’un client à l’autre - c’est la capacité à animer avec du présentiel, avec de la communication, des démarches qui ont du sens, qui prennent un petit peu de temps et qui touchent un public large. » Le budget participatif de la ville d’Angers, lancé il y a environ un an avec Open Source Politics, a bien confirmé ce besoin d’allier numérique et physique puisque sur les 6700 participants (environ 5% de la population), 55 à 60% des votes étaient des votes papiers récoltés dans la rue et sur plusieurs équipements publics de la ville. L’important dispositif de communication mis en place par la Mairie à réellement permis d’accroître la participation des citoyens, virtuelle et présentielle. Les chiffres de participation placent aujourd’hui Angers dans la fourchette haute des premières éditions de budgets participatifs.

open source politics

Au-delà d’une simple mise en ligne d’outils numériques, Open Source Politics propose également du conseil et un réel accompagnement de ses clients en les incitant à diversifier les modalités de participation et à tirer les enseignements d’une consultation sur l’autre. Ils peuvent également venir en appui sur la stratégie de communication et contribuer aux messages à faire passer, voire même assurer l’animation d’ateliers.

Du numérique, de la démocratie et de la coopération.

Au-delà d’améliorer la démocratie participative, un des grands défis d’Open Source Politics, est d’arriver à rassembler – au sein d’un club utilisateurs – les différentes institutions qui utilisent Decidim, pour mutualiser l’évolution du logiciel de manière démocratique, en essayant de faire financer à chaque institution des modules complémentaires et ainsi réduire les coûts. Ce club utilisateurs permet aussi aux collectivités de partager leurs expériences : les bonnes pratiques comme les frustrations et les besoins d’évolutions. Véritable laboratoire du partage et de la coopération, cette mise en commun profitera ensuite à l’ensemble de la communauté des utilisateurs de Decidim dans le monde puisqu’ils pourront ré-utiliser les modules développés par Open Source Politics.

Cette communauté mondiale qui rassemble des développeurs, des utilisateurs-financeurs, les équipes de la Mairie de Barcelone qui ont initialement développé l’outil etc. permet de décupler les moyens humains et financiers et de mutualiser l’outil Decidim à grande échelle : une vraie école de la coopération et des biens communs !

open source politics

En 2019, Open Source Politics souhaite proposer ses compétences à de nouveaux acteurs, au-delà des pouvoirs publics, et par exemple aux coopératives et autres structures de l’économie sociale et solidaire pour aider à remettre de la démocratie et de la participation au sein des organisations professionnelles car « il faut des outils pour potentiellement consulter les collaborateurs à grande échelle, les faire participer et surtout les mettre en position d’initiative » ajoute le co-gérant. A bon entendeur…

Militant des biens communs et de la démocratie participative, au cœur d’une démarche coopérative servant l’intérêt général, Open Source Politics n’a jamais été autant d’actualité et prouve par l’exemple que démocratie peut rimer avec nouvelles technologies.

Rédaction : Sophie Bordères

Images : Open Source Politics

Pour aller plus loin :

 

 

Revenir à la page "Le Mag"
    Pour aller plus loin
    ESS et civic tech
    Field flap
    open data
    Field flap
    Publié le 9 avril 2013

    Démocratie et Open data

    Les racines de l’Open data mettent la démocratie au cœur du mouvement d’ouverture des données publiques qui a émergé...
    Lire plus

    Tribune

    Philippe Lemoine

    Philippe Lemoine

    Président du Forum d’Action Modernités

    La transformation numérique permettra-t-elle un bond en avant de l’ESS ?

    Dans la transformation numérique de l’économie, les personnes font la course en tête et les entreprises courent derrière...
    Lire plus

    Vous souhaitez soutenir le Labo de l'ESS ?

    Accompagnez la construction de l’économie sociale et solidaire de demain en adhérant à notre think tank et à nos valeurs !

    Adhérez