Faire vivre l’héritage de Claude Alphandéry : un documentaire pour transmettre, inspirer, résister

Dans le cadre d'un projet de production de documentaire pour transmettre l'héritage de Claude Alphandéry, ancien résistant et co-fondateur du Labo de l'ESS disparu en mars 2024, le Labo de l'ESS donne la parole au mouvement e-graine et Faireprod dans l'article ci-dessous.

Le 25 mars 2024 s’éteignait Claude Alphandéry, figure tutélaire de l’économie sociale et solidaire, fondateur du Labo de l’ESS, résistant de la première heure, bâtisseur de ponts entre les mondes de la pensée, de l’action et de l’espoir. Quelques mois avant sa disparition, Claude donnait son accord pour participer à un documentaire inédit retraçant son parcours et transmettant les idées qui ont guidé toute sa vie.

En juin 2023, il déclarait aux équipes venues le rencontrer chez lui :

« Je suis d’accord pour participer à ce film de transmission que vous souhaitez faire avec ma contribution. Si j’ai un peu hésité à vous répondre, c’est en raison de mon âge canonique ; mais c’est aussi grâce à celui-ci que j’ai pu participer à des formes si diverses de combats mais qui s’inspirent toutes de la résistance aux injustices, aux exclusions, et de la construction d’une société respectueuse des humains et de la nature.»

Un film né d’une rencontre, porté par l’urgence de transmettre

À l’origine du projet, une idée de François Bernard, ancien administrateur d’e-graine Ile-de-France et une conviction partagée entre Julien Mast, président et co-fondateur du mouvement d’éducation populaire e-graine, et Jean Crousillac, producteur délégué de Faireprod : il fallait que la parole de Claude continue de circuler, au-delà de sa disparition, pour inspirer les résistances d’aujourd’hui.

“En travaillant avec Claude sur ce projet documentaire, nous avons été marqués par sa connaissance fine de l’Histoire et son analyse systémique du présent en se projetant dans le futur avec toute la force de ses convictions et son appétit pour la vie.” Julien Mast

La rencontre avec Mathieu Pheng, réalisateur sensible aux récits de lutte et de résilience, a donné forme à cette intention en commençant à tourner des entretiens dans l’intimité du domicile de Claude.

« L’appartement de Claude est devenu un personnage à part entière du film. On y perçoit le lien entre les objets, les livres, les silences… et cette voix, encore très vive malgré la fatigue, qui cherche à transmettre, pas à se raconter. » Mathieu Pheng

Le tournage des entretiens avec Claude s’est déroulé sur plusieurs mois, entre octobre 2023 et février 2024. Bien que très affaibli, il a tenu à participer aux interviews et à répondre avec précision, humour et profondeur aux questions qu’on lui posait.

Ses propos seront entrecoupés de témoignages de personnalités qu’il a inspirées. Et des images d’archives inédites, photographies, vidéos ou documents personnels, transmis par la famille, fournis par le Labo de l’ESS ou retrouvés dans des archives de la Drôme (où il organisait la résistance pendant la seconde guerre mondiale) viendront illustrer ses propos.

La narration permettra d’inscrire Claude dans le temps long, mais aussi dans une mémoire collective en mouvement, qui ne s’arrête pas avec lui.

“Claude ne voulait pas particulièrement d’un film sur lui, ni en être l’épicentre. Il a néanmoins accepté avec un réel enthousiasme quand nous lui avons proposé d’en faire un film de transmission, un film sur l’engagement, un film qui partirait de son expérience pour partager son parcours et servir d’inspiration aux générations futures qui poursuivent les combats qu’il a embrassés toute sa vie.” Jean Crousillac.

Une diffusion ancrée dans les territoires

Dès le départ, le film a été pensé dans une véritable démarche d’éducation populaire comme le souhaitait Claude. Pas simplement pour le diffuser, mais aussi pour le vivre et le discuter collectivement. Cette dimension est portée par e-graine, mouvement associatif d’éducation populaire, qui coordonnera à partir de l’automne 2025 une grande tournée de projections-débats dans toute la France.

« Le film est un amplificateur pour permettre de se fédérer », explique Julien Mast. « Il doit permettre à des habitants, des militants, des associations, de se retrouver, de débattre, de s’interroger sur leur propre rôle dans la société. Claude ne livre pas des leçons, il ouvre des chemins. »

Les projections auront lieu dans des lieux variés : tiers-lieux, établissements scolaires, centres sociaux, lieux de culture, mairies, réseaux de l’ESS. Chaque projection sera suivie de débats avec des acteurs locaux.

Une campagne pour faire exister le projet

Aujourd’hui, le film est en cours de production, qui pour aller au bout, s’appuie sur une campagne de financement participatif, avec l’objectif de finaliser les tournages et la post-production, mais aussi d’organiser la diffusion à grande échelle.

👉 Soutenir le projet : onagit.org

Contribuer à cette campagne, c’est faire vivre une mémoire qui éclaire l’action. C’est transmettre, relier, et construire des alliances pour demain. Comme le souhaitait Claude, #OnAgit !