Initiative inspirante
Publié le 6 novembre 2013

EQOsphere, la revalorisation des produits sortis du circuit

Légumes variés
Mots clés
ESS
alimentation
économie circulaire
économie collaborative

L’entreprise sociale EQOsphere nous offre de nouvelles perspectives. En ces temps de raréfaction des ressources, les matières premières que l’on croyait inépuisables se tarissent. De manière paradoxale, les excès de la production et de la consommation de masse servent déjà de matière première à l’économie circulaire en recyclant un grand nombre de produits et en préparant la transition écologique. Les explications de Xavier Corval, fondateur du projet qui, à travers la plateforme participative, met en relation les entreprises qui donnent (et reçoivent) leurs surplus.

L’histoire d’un projet

Xavier Corval était étudiant. Les événements festifs auxquels il participait réservaient un triste sort aux apéritifs servis : faute d’avoir pu prévoir avec une exactitude difficilement atteignable les justes proportions qui auraient pu satisfaire les convives, ces denrées finissaient leur vie de façon avortée à la poubelle. C’est alors que leur valeur s’évapore tout en créant de nombreuses externalités négatives. L’idée fondatrice du projet EQOsphere commence alors à germer, il faut revaloriser ces ressources sans culpabiliser le producteur ou le consommateur. Bien souvent, la production d’un bien atteint difficilement le juste équilibre entre l’offre et la demande, lorsque celui-ci est produit de façon excédente, il faut pouvoir le réutiliser ou le recycler.

Plusieurs mois seront nécessaires à Xavier Corval pour étudier le marché, mettre en place une réflexion partenariale avec les acteurs qui seront impliqués dans la démarche, puis monter une équipe, bénéficier de l’aide de l’incubateur Sciences Po Entrepreneurs et délimiter le futur champ d’action de l’entreprise sociale.

EQOsphere met en relation les acteurs selon un cycle qui fait intervenir trois composantes : 

  1. d’un côté les émetteurs : la grande distribution, les commerces de détail, centrales et entrepôts, fabricants, grossistes, producteurs, restaurateurs, traiteurs, etc. 
  2. de l’autre côté se situent les récepteurs : associations caritatives et humanitaires, épiceries sociales et solidaires, ressourceries, déstockeurs, soldeurs, industriels de la transformation de déchets, éco-entreprises, etc. 
  3. entre les deux : les nouveau gisements. Ce sont les produits qui sortent du circuit classique de distribution parce qu’ils sont en surplus, invendables selon les critères des émetteurs (problème d’emballage dans la distribution par exemple) périmés, etc. Ce sont des produits de grande consommation, alimentaires, textiles, électroniques, papiers, etc.

Les produits trouvent une deuxième vie à travers ce processus, ils ne vont plus être jetés mais réutilisés à travers un don (dans la grande majorité des cas) ou un achat. L’interface virtuelle permet aux émetteurs et aux récepteurs de formuler leurs offres et leurs demandes et l’outil numérique dirige les uns vers les autres en fonction des connivences. Pour l’heure, cette initiative se développe en Ile-de-France. Sa forte composante locale l’amènera à se développer sur d’autres territoires où ce scénario pourra être dupliqué.

Répondre aux besoins de tous

EQOsphere est le maillon qui permet de créer cette nouvelle chaîne, une nouvelle synergie entre les acteurs d’un même territoire grâce à sa plateforme en ligne et à sa capacité à les accompagner dans ces nouvelles activités. Cette économie circulaire, au-delà de son aspect écologique premier, apporte de nombreux bénéfices.

Les émetteurs bénéficient tout d’abord d’un avantage financier. Les stocks peuvent être revendus à des recycleurs ou, comme dans la grande majorité des cas, les dons effectués aux associations leur permet de bénéficier d’un crédit d’impôts. Cette démarche leur fait éviter des coûts de déstockage ou de destruction amenés à être de plus en plus élevés en raison de la réglementation écologique. Elle leur permet également de répondre aux attentes de la RSE ou encore de développer une meilleure image interne et externe. 

EQOsphere accompagne les entreprises dans le changement de process nécessaire pour s’adapter aux nouvelles contraintes de l’économie circulaire et s’approprie les démarches à mettre en oeuvre. A titre d’exemple, en sensibilisant les employés, en réorganisant les zones de tri ou en mettant à disposition des bacs de récupération pour séparer les produits à revaloriser.

Pour les récepteurs, les avantages sont également nombreux. Les structures associatives bénéficient de dons qui ne lèsent pas les entreprises, et améliorent ainsi leurs relations en se dégageant des a priori dévalorisants de "structures assistées". C’est également le moyen de développer un partenariat professionnel, pérenne, qui fait gagner à ces structures un temps précieux et amaigrir leur budget alloué à l’achat de ces ressources.

Ce type d’entreprise produit une forte plus value écologique. Son action la dépasse et participe à un mouvement plus large, celui d’éviter la benne à tout prix.

Un enjeu de société

Cette initiative répond à son échelle aux problématiques contemporaines. 2014 sera l’année de lutte contre le gaspillage alimentaire et d’ici 2025, l’Europe devra réduire de moitié sa production de déchets.

Pour son fondateur, EQOsphere participe aux politiques publiques, à la mise en œuvre de la transition verte. Elle doit être actrice de la révolution du "co", travailler en promouvant la coopération. Pour Xavier Corval, cette manière de travailler avec les acteurs privés et les pouvoirs publics constitue un progrès social majeur : une collaboration horizontale pour favoriser l’intelligence collective.

Revenir à la page "Le Mag"
    Pour aller plus loin

    Tribune

    Corinne Lepage

    Corinne Lepage

    Députée Européen, Présidente de CAP21 et du Rassemblement Citoyen

    L’Économie circulaire, c’est maintenant !

    Qu’est-ce que l’économie circulaire ? Ce n’est pas une lubie d’écolo échevelé mais bien une vision efficace et de long...
    Lire plus
    économie circulaire
    Field flap
    Publié le 6 novembre 2013

    Les 7 principes clés de l’économie circulaire

    L’économie circulaire est un concept encore récent. Ses bases ont été jetées en 2002 dans l’ouvrage "Cradle to Cradle" (...
    Lire plus
    Atelier de briclage
    Field flap

    Vous souhaitez soutenir le Labo de l'ESS ?

    Accompagnez la construction de l’économie sociale et solidaire de demain en adhérant à notre think tank et à nos valeurs !

    Adhérez