Les Orageuses : l’éducation populaire au service de la démocratie

Défendre la démocratie via l’éducation populaire ? Défi relevé ! Les Orageuses, un collectif d’éducation populaire qui anime des formations auprès d’associations, coopératives et collectivités locales depuis 2021, agit au quotidien pour faciliter les dynamiques collectives et favoriser l’émancipation. 

Une organisation qui œuvre pour protéger les valeurs de la démocratie 

En 2010, la coopérative d'éducation populaire, l'Orage, a vu le jour. Onze ans plus tard, cette coopérative indépendante s’est transformée pour devenir Les Orageuses, membre de la coopérative d’activité et d’entrepreneurs Oxalis, implantée à Aix-les-Bains, qui accompagne les entrepreneur·e·s sur le plan administratif et comptable.

L’équipe des Orageuses est composée de trois formatrices qui agissent dans des territoires différents, en allant de la région Rhône-Alpes à la région parisienne en passant par le Nord-Est. Audrey Pinorini, Solène Compingt et Quidora Morales proposent des interventions sur des sujets aussi variés que la coopération au sein des équipes, l’intelligence collective, la citoyenneté active, la participation des bénéficiaires et salarié·e·s dans une organisation ou encore l’amélioration de la qualité de vie au travail dans l’économie sociale et solidaire. 

Les Orageuses accompagnent également des collectivités à l’élaboration de diagnostics partagés dans le cadre d’évaluations de politiques publiques (Projet Educatif de Territoire, Gestion Urbaine Sociale de Proximité, Politique d’action sociale et de proximité, Protection de l’enfance…) et interviennent aussi auprès de groupes vivant des tensions et conflits. 

Les Orageuses : des idées qui secouent !

Les formations des Orageuses se basent sur trois piliers :

• L’apport théorique, pour découvrir les idées et concepts,
• L’expérimentation, qui permet de tester ces concepts en sous-groupes,
• La mise en chantier, pour travailler sur des situations concrètes et réelles.

Ces étapes permettent de construire une alliance entre le savoir froid et le savoir chaud : le savoir froid, qui évoque les connaissances théoriques, vient se nourrir du savoir chaud, c’est-à-dire les vécus et récits des stagiaires.

En construisant les formations avec et pour chaque organisation qui sollicite les Orageuses, chaque accompagnement est différent.

La démarche commence toujours par une première réunion en visioconférence avec les participant·e·s, pour présenter les thématiques qui seront abordées et recueillir les attentes. Ensuite, les formations s’adaptent aux organisations et les besoins exprimés.

Une formation pas comme les autres : un cas concret

Dans le cadre d’une formation proposée par Les Orageuses à des stagiaires n’ayant pas encore de connaissances de l’éducation populaire, les participant·e·s ont passé la porte lors du premier jour de formation et se sont installé·e·s en rangs, dans une salle disposée comme une salle de classe. Ce groupe a ensuite écouté une première présentation des sujets du jour, à la manière de nombreuses formations professionnelles. Mais ceci n’était pas une formation comme les autres … Après cette entrée en matière, tout s’est arrêté. Surprise ! Ce n’était pas la vraie introduction. Une façon de montrer, par un exemple concret, l’antithèse de la méthodologie qui sera déployée tout au long de la formation. Car quel que soit l’accompagnement proposé, la démarche ne sera pas descendante. Ici, stagiaires et formatrices sont toujours au même niveau, et c’est un usage dynamique de l’intelligence collective qui permettra d’avancer ensemble.

S’émanciper par le biais de l’éducation populaire 

Pour les Orageuses, l’éducation populaire permet d’apprendre à prendre de la place dans son environnement et dans la démocratie, et de s’émanciper de la détermination sociale. 

Valeur clé de l’éducation populaire, la question de l’émancipation est au cœur des pratiques du collectif : cette notion permet de mieux comprendre le fonctionnement du monde afin d’agir dans la société en ayant conscience de la place qui est donnée aux individus selon leur classe sociale, la famille, le métier, le genre et d’autres critères prédéterminés.

De l’art d’avoir des conflits constructifs

Le conflit est un fil rouge du travail des Orageuses. Les conflits font partie de la vie en communauté, et de nombreux récits de conflits sont partagés dans le cadre des ateliers : désaccords entre salarié·e·s, citoyen·ne·s, au sein d’une commune, entre élu·e·s… 

Dans un contexte difficile pour les associations – coupes budgétaires, menaces idéologiques grandissantes – le terrain est fertile pour la multiplication de conflits supplémentaires. L’objectif des Orageuses sera, à leur échelle, de convertir des conflits stériles en conflits constructifs qui feront évoluer le rapport au travail et à la hiérarchie au sein des organisations accompagnées. Un exercice transformateur, où le jeu en vaut la chandelle !

Article rédigé par Nathalie d’Abbadie

Le Labo de l’ESS remercie Solène Compingt pour sa contribution à cet article.

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Pour aller plus loin sur la thématique de l'éducation populaire, découvrez le rapport d'étude "L’éducation populaire au service de la transition écologique juste" du Labo de l'ESS" !

Fin 2023, le Labo de l’ESS, e-graine et la Fabrique des transitions ont associé leurs forces et leurs méthodologies sur le rôle de l’éducation populaire dans la transition écologique juste. Cela a donné lieu à une expérimentation d’un an et demi pour confronter aux réalités de terrain une hypothèse : la nécessité d’une alliance entre organisations de l’ESS, de l’éducation populaire et des pouvoirs publics pour permettre la transition écologique juste de nos territoires. Cette démarche expérimentale a permis de questionner les territoires (l’Eurométropole de Strasbourg, la Communauté urbaine de Dunkerque et la Ville de Bergerac) sur le niveau de coopération actuel et souhaitable pour atteindre la transition écologique juste, mais également de révéler les freins et les points de blocage à dépasser.