Tribune
Publié le 22 octobre 2015
Hugues Sibille

Hugues Sibille

Président du Labo de l'ESS

Rapprocher Bio et ESS, c’est vital !

Le Labo de l’ESS est tout naturellement partenaire de la campagne de nos amis de la Fédération National de l’Agriculture biologique : "manger Bio local, c’est idéal". Nous partageons en effet complètement la conviction que l’agriculture bio est favorable à l’environnement, en maintenant la vitalité des sols et des eaux, au climat - en permettant le stockage du carbone - à l’économie de proximité - en localisant la valeur ajoutée et les emplois - à la santé - avec une utilisation bien moindre de résidus de pesticides... Tout cela fait partie de nos propres combats pour une conception plus durable de l’économie, à l’heure de la Cop21 à contrario du développement de l’agriculture de ces dernières décennies.

Il faut aller plus loin. Nous sommes convaincus que renforcer les liens entre fabricants d’alternatives concrètes et d’utopies réalistes est de plus en plus vital (dans le sens "essentiel à la vie"), pour que ceux qui changent leur monde parviennent ensemble à changer le monde. De nombreuses initiatives le démontrent chaque jour. L’ESS, la filière bio, aussi bien dans sa dimension de production que dans celle de distribution, et d’autres, partagent bien des préoccupations communes sur lesquelles travaille le Labo.

A commencer par celle du changement d’échelle. L’agriculture bio ne souhaite pas rester un témoin un peu marginal d’une agriculture qui resterait globalement productiviste et polluante. Si l’agriculture Bio progresse, il lui reste encore beaucoup à faire pour peser significativement dans la filière, avec 25 000 exploitations soit 5 % du total des exploitations françaises, 2, 3 % du marché alimentaire et 4% des surfaces agricoles.

Toute la question, et sur laquelle entend travailler le Labo, consiste précisément à savoir comment changer d’échelle, sans perdre son âme, mais en restant fidèles à des valeurs transformatrices de nos modèles à bout de course.

Le Bio n’a pas encore gagné la bataille des idées agricoles, loin s’en faut. De même l’ESS n’a pas encore gagné la bataille des idées économiques loin s’en faut. Rapprocher Bio et ESS c’est donc d’abord vital pour mener la bataille des idées, sur quelques messages clairs et lisibles.

Nous pouvons et devons faire converger des idées sur la sauvegarde de la terre, de l’eau, de l’air comme les Biens communs et sur celle d’une économie de proximité, travaillant en circuits courts reposant sur des principes forts : l’équité entre producteur, distributeur et client, la transparence sur les transactions, la coopération entre les acteurs et la création de lien sociaux. A cette fin, le Labo a élaboré une Charte des circuits courts économiques et solidaires qui ne demande qu’à être utilisé dans les échanges. La filière Bio et l’ESS peuvent ainsi défendre ensemble une conception de la désintermédiation qui ne se résume pas à supprimer les intermédiaires.

Rapprocher Bio et ESS est également vital pour constituer de nouvelles alliances de territoire, de nouvelles coopérations entre parties prenantes à l’aune de ce que sont les pôles territoriaux de coopération économique (PTCE). J’ai la conviction que ces Pôles devraient de plus en plus intégrer des volets de transition énergétique et de transition numérique, sur lesquels des acteurs jusqu’ici cloisonnés peuvent travailler ensemble. A titre d’exemple, « Fermes de Figeac » est tout à la fois une coopérative agricole, un CCES, le coopérateur d’un PTCE et un acteur de plus en plus important de la transition énergétique par la production d’énergie photovoltaïque et éolienne. Le monde agricole peut trouver dans la transition énergétique de nouvelles sources de revenus comme le font les allemands.

Enfin prétendre améliorer le climat, l’environnement ou la santé, localiser l’emploi et la valeur ajouter, avoir des gouvernances démocratiques ou rendre l’économie plus solidaire : ce sont des promesses dont il faudra bien rendre compte et mesurer les impacts. Ce chantier de l’évaluation, du bilan sociétal, de la mesure d’impact doivent rapprocher Bio et ESS.

Alors oui décidément, ensemble (re)vitalisons l’économie, re-encastrons la comme moyen du développement humain et non comme fin en soi.

Nos actualités nous offrent chaque jour l’opportunité de faire valoir nos propositions. A la conférence sociale où L’UDES a porté des propositions novatrices à la fois sur la révolution numérique, la sécurisation des parcours et la transition énergétique. La démonstration de force du mouvement citoyen animé par Alternatiba, le 27 septembre à Paris, notre rencontre du 30 septembre dernier sur la transition énergétique citoyenne et aujourd’hui la possibilité de s’engager sur un projet collégial dans le cadre de la COP 21.

Engageons nous, mesurons notre impact, revitalisons l’économie.

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